From Jean Richepin

Richepin: Anecdotes

Cartes postales et vues concernant Jean Richepin
Rue Jean Richepin
Dignus est intrare (M... ! Du latin !)
Richepin dort aux côtés de Ponchon
Jean Populot
Pendant la Commune de Paris
Lettre d'un prisonnier
Le bouc émissaire
Pas homophobe pour un sou...
La Rumeur
Traduction Ottomane
Richepin : anarchiste célèbre aux Etats-Unis
Dédicace
Richepin aux yeux de cuivre
Informations en vrac

Cartes postales et vues concernant Jean Richepin

- Différentes vues du Château des Trois Fontaines, à Dammartin-en-Serves (78), ayant appartenu à Jean Richepin :

- L'île Tristan, à Douarnenez, propriété de Jacques Richepin :

- Voici deux vues des hauteurs de Pléneuf-Val-André dans les Côtes-d'Armor. Il possédait, là-bas, une jolie villa, face à la mer, dans laquelle il a passé ses derniers étés. Ces vues seraient celles dont il profitait depuis sa villa :

Mais un internaute m'écrit :
''Je connais peu l’œuvre de Jean Richepin mais par contre je peux donner les infos suivantes. Les deux photos de Pléneuf ne sont pas vues depuis sa maison qui voyait peut être la plage du Val-André (grève Saint Symphorien) ce qui serait impossible maintenant à cause des tours construite dans les années soixante. Ces photos sont prises du chemin des douaniers vers le nord-ouest vers le rocher le Verdelet et vers le nord-est vers la plage des Vallées. Le chemin des douaniers se trouve au bout de l’allés venant de sa maison. Cette allée bordée d’arbres (des mélèzes) existait encore à la fin des années soixante et étonnamment, bien qu’en terre battue, elle n’était pas envahie d’herbes bien que la propriété soit abandonnée depuis de nombreuses années et quasiment en ruine. Ces arbres furent le domaine de jeux de tous les enfants du pays, nous y avons même construit des cabanes. La rangée d’arbres à droite en allant vers la mer a été détruite à la construction du lotissement et serait actuellement au milieu de la rue. De la rangée de gauche il reste quelques arbres suivant les propriétés dont trois dans mon jardin.De la maison il ne reste que la moitié (restaurée et habitée), le reste serait, ici aussi, au milieu de la rue.Hasard de l’existence ma mère a été à l’école avec les filles (ou petites filles) de l’auteur.
Cordialement.
Alain FANTOU''

Dans tous les cas voici l'ami de mon maître, Raoul Ponchon chez JR à Pléneuf...

Rue Jean Richepin
Elle se trouve à Paris dans le XVIe arrondissement. Elle commence rue de La Pompe au n° 39 et elle finit au boulevard Emile Augier au 40-41. Elle fut ouverte en 1913.

cliquer sur le pour avoir un plan d'accès

une photo de la rue :

et le cachet de la poste faisant foi :

Bien sûr, ce n'est pas la seule rue Jean Richepin de France ! Le mail suivant nous le confirme ! Merci à Marie-Laure...

"Bonjour,
Je ne suis pas une inconditionelle de Jean Richepin et connais assez mal son oeuvre. Cependant, je sais qu'une autre rue porte son nom, à Pléneuf-Val-André justement.Je crois même que c'est une avenue (à vérifier!). Elle se situe dans le prolongement de la rue des pêcheurs, au croisement de la rue du Prat, et c'est elle que j'empruntais, enfant, pour descendre à la plage. Le quartier se nomme la Ville-Pichard et la maison de Jean Richepin se situe au début de cette rue, à quelques centaines de mètres des falaises de la Ville-Pichard. Ma mère qui est née là-bas continue d'appeller cette maison "la maison de Jean Richepin", bien qu'elle ai subi beaucoup de modifications depuis. Il y a accueilli au moins un été son ami Raoul Ponchon. Si un pélerinage vous tente... de la voie rapide qui vient de Rennes, sortir à Lamballe, prendre la direction de Pléneuf-Val-André, dans le bourg demander la direction de la gendarmerie, après celle-ci continuer tout droit jusqu'à la rue du Prat. Au bout, prendre à gauche au carrefour. La maison est blanche, massive et borde la route à l'entrée du lotissement Richepin (1ère intersection).
Cordialement
Marie-Laure"
"Bonjour,
En recherchant tout a fait autre chose, je suis tombé sur votre site dedié à Jean Richepin. Ce nom m'a rappelé un souvenir. Souvenir plus matériel que littéraire...

Je ne connais rien de Jean Richepin si ce n'est sa maison de Pleneuf Val André. Ou plutôt sa propriété. Mon père l'a achetée (peut-être à ses héritiers) dans les années 70. La maison à l'entrée était plus ou moins en ruine. Le jardin une friche. Je me souviens de la rangée d'arbres fouettés par le vent côté falaise, en bordure du chemin des douaniers. Une vue superbe sur l'ilôt du Verdelet... Je ne sais combien de temps ni dans quelles circonstances Jean Richepin a habité cet endroit et encore moins s'il l'a inspiré, mais ce que je puis dire, c'est que l'endroit m'a toujours fasciné et que j'y ai passé quelques étés des plus agréables.
Le lotissement Richepin fut amenagé dans les contours de la propriété. La maison vendue à des personnes qui l'ont rehabilitée entièrement... Les arbres sont toujours là je crois... Lointain souvenir maintenant... qui a ressurgi à la lecture de l'anecdote de Marie-Laure.
Voilà, c'est ma modeste contribution àla rubrique "anecdotes".
Cordialement.
Dileb"
"Félicitation pour votre site "Jean Richepin"
Il y a de la matière et la présentation est agréable.
Un boulevard en bord de mer à Douarnenez porte en effet le nom de Jean Richepin. Il y avait acheté, juste en face de ce front de mer, l'île Tristan, un site magnifique chargé d'histoire que ses descendants possédaient encore jusqu'à la fin des années 1980, avant qu'elle ne deviennent propriété du Conservatoire du Littoral.
Cordialement, Raymond Phuez"
"Bonjour,
Je tiens à vous féliciter pour votre site dédié à Jean Richepin.
En le consultant, j'ai noté qu'il existait plusieurs lieux portant son nom.
Natif de la commune d'Ohis(02500), je remarque que vous ne répertoriez pas la rue qui porte le nom de Jean Richepin dans cette commune, ainsi qu'un kiosque. A savoir aussi, que le village d'Ohis est le lieu où se situe le roman "Miarka, la fille à l'ours", précisemment dans un endroit appelé 'le fonds des rocqs".
Jean Richepin venait régulièrement dans sa jeunesse visiter sa famille installée dans ce village.
Encore bravo et merci.
Jean-Gabriel"

Et après une petite recherche, Pléneuf-Val-André possède aussi un collège Jean Richepin !

On trouve des rues Jean Richepin à : Carcassonne (11), Saint Brieuc (22), Quimper (29), Bordeaux (33), Saint-Nazaire (44), Clermont Ferrand (63), Perpignan (66), Le Mans (72), Paris (75), Le Havre (76), Chatelleraut (86), Chatillon (92) et à Ermont (95).

On trouve des Boulevards Jean Richepin à : Brest (29) et Douarnenez (29).

Et on trouve l'impasse Jean Richepin à Niort (79).

Dignus est intrare (M... ! Du latin !)
Dans Le Canard Enchaîné du 24 novembre 1926 (année de la mort de Richepin), Maurice Maréchal (le fondateur du journal) ironisait sur le fait que l'Académie Française admettait un mot célèbre :

"Enfin ! On va pouvoir dire m... officiellement ! (...) Les quarante Académiciens, réunis vendredi dernier sous la coupole au nombre fatidique de cinq, ont décidé d'inscrire définitivement au dictionnaire le mot qui rendit célèbres, à un siècle de distance, un maréchal de France et Mlle Louise Balthy. Il paraît que ce ne fut pas sans peine. Trois de ces messieurs, en effet, ne voulaient rien entendre. Mais fort heureusement, M. Jean Richepin veillait. Le matin même, et en prévision du grave débat qui s'annonçait, le poète des Gueux avait fait appeler en consultation Mme Cora Laparcerie, sa belle fille, qui s'y connaît un peu en la matière (si nous osons nous exprimer ainsi). Ainsi documenté, M. Jean Richepin plaida fort éloquemment la cause de l'indésirable substantif. (...)"

Le Canard n'aimait pas trop le poète. Il faut dire que le célèbre journal satirique est né en novembre 1915, en pleine boucherie, donc il ne connut que l'académicien qui littératurait honteusement sur la guerre, dont il célébrait les allègres vertus.

Richepin dort aux côtés de Ponchon Si vous voulez vous recueillir sur la tombe de Jean, elle se trouve à Pléneuf-Val-André dans les Côtes-d'Armor (Richepin a toujours aimé la Bretagne, lisez "La Glu", "La Mer", "Braves Gens", etc.). Il possédait, là-bas, une jolie villa, face à la mer, dans laquelle il a passé ses derniers étés. Il dort éternellement avec son vieux pote, (à la vie, à la mort !) : Raoul Ponchon, poète au vin et au nez rouge. Mais aussi avec sa dernière muse, Marie-Jean Richepin née De Stempowska (1873-1953), au si joli visage sur le bas-relief en bronze qui orne leur monument. Mais également une partie de sa descendance : ses derniers enfants, ses petits enfants ainsi que leurs femmes. Pour compléter l'information sur la tombe de Richepin et Cie: le joli buste de bronze de Richepin qui l'ornait a été volé il y a quelques années et jamais retrouvé.


Photographies de la tombe de Jean Richepin

Le bas-relief en bronze représentant Marie-Jean Richepin

Le fameux buste de Richepin qu'on a volé

Dernière nouvelle du buste :

Le sculpteur Bernard Potel se prépare à travailler sur le buste de Jean Richepin. «Avec l'association Mémoire de Jean Richepin, nous avons pour objectif de refaire le buste qui ornait sa tombe au cimetière de Pléneuf-Val-André et dérobé, il y a une vingtaine d'années», confie le sculpteur. Pour financer le buste, l'association pourrait lancer une souscription pour l'achat de minis bustes en plâtre d'art et résine, patinés bronze et montés sur socle.

Contact Tél.02.96.93.87.40 ou 06.61.88.20.82.

Jean Populot
En 1878, André Gill fonde "La Petite Lune". (Suite logique des publications, satiriques et Gilliênnes, suivantes : "La Lune" (1er N° en 1866), "L'Eclipse" (1er N° en 1869), "La Lune Rousse" (1er N° en 1877) et qui se terminera par "La Nouvelle Lune" en 1881) "La Petite Lune" était une publication populaire, où un français pittoresque se mâtinait d'argot. Jean Richepin en signa les premières chroniques du pseudonyme de Jean Populot. (Réf. Jean Valmy-Baysse André Gill l'impertinent Edition Du Félin 1991) C'est encouragé et influencé par Richepin qu'André Gill écrivit quelques poèmes qu'il réunira sous le titre : "La Muse à Bibi" (1882). Recueil de poème qui influencera Bruant dans l'écriture de ses chansons... C'est beau la vie de bohème...

Pendant la Commune de Paris
Voici une petite histoire trouvée sur le net :

"Les balles sifflaient à travers Paris, des quartiers entiers brûlaient et des hommes, aujourd'hui au sommet de leurs ambitions, vivaient alors péniblement et fort obscurément"
Jean Richepin était du nombre ; il venait de quitter l'Ecole normale et habitait une mansarde, au dernier étage, il n'est pas besoin de le dire, d'un immeuble de la rive gauche. Quelques amis l'y rejoignaient pour parler, assis sur le lit, de poésie, d'avenir, et, évidemment aussi, des temps et de la misère présente. La clé était chez la concierge ; parfois les amis arrivaient avant le locataire de ce logis rudimentaire.
Un jour, Richepin, qui portait une cape d'hidalgo, revient un peu essoufflé, ce n'est pas tellement parce qu'il a monté l'escalier en courant, mais aussi parce qu'on se bat dans les environs ; il ouvre son manteau, on entend quelques balles rouler sur le carrelage... "Oui, je crois qu'on a tiré sur moi," dit-il négligemment. Et l'ancien camarade de Jean Richepin ajoute qu'un quart d'heure après, ayant passé sur le toit par la tabatière, et installés sur un matelas, les jeunes hommes présents regardaient brûler Paris, tandis que l'auteur du Chemineau, drapé dans sa cape espagnole, leur déclamait, avec de grands gestes, l'incendie de Rome, de Victor Hugo, et, d'une voix profonde, exhalait devant le décor réel et embrasé, la joie de Néron."

Lettre d'un prisonnier
Voici une lettre de Jean Richepin adressée à la mère de Nina de Villard, Mme Gaillard . Elle a été écrite en prison. Je n'en sais pas plus, ni sur les relations entre lui et Nina de Villard ni sur sa provenance (je l'ai trouvé sur le net). Si vous avez plus d'explications écrivez-moi...

Ste Pélagie, 16 septembre 76
Chère Madame,
Je vous remercie du bon souvenir que vous m'avez fait passer sous forme d'oranges. Il ne me manquait plus que cela pour avoir l'air d'un vrai singe derrière les barreaux de ma cage. Ne croyez pas que j'abuse de ma qualité de poète pour parler en métaphores ! J'habite bien réellement une cage ; car ma cellule surnommée le petit tombeau a juste cinq pas de long sur trois et demi de large et je touche le plafond en me haussant sur la pointe de mes membres postérieurs. Heureusement que je ne passe là-dedans que la nuit. Bouclé à huit heures du soir, je suis rendu à la liberté le matin. Cette liberté consiste à aller voir mes codétenus dans leurs chambres respectives. Hier nous étions cinq. Après-demain nous ne serons plus que trois. En somme, cela n'est pas aussi follement gai que le raconte la légende. Le bon temps est passé où l'on recevait les visiteurs chez soi, où on déjeunait là comme au cabaret. Tout s'en va comme dit Châtillon. Les étoiles vieillissent comme dit Achille. Je m'en console en travaillant aux Morts bizarres que j'aurai le plaisir de vous offrir pour la fin d'octobre. J'en ferai une qui aura pour titre Les Oranges.
Veuillez présenter, chère Madame, mes meilleures amitiés à Nina, mes compliments à nos amis, mes caresses aux bêtes, une grimace à ma soeur la guenon, et croyez que je suis toujours votre tout dévoué.
Jean Richepin

Le bouc émissaire
Le poète Saint-Pol-Roux (1861-1940) dédia en 1889 à Jean Richepin un poème intitulé "Le bouc émissaire" qui parut en revue (La Pléiade, deuxième série) puis en plaquette avant d'intégrer le recueil Anciennetés en 1903.
Voici ce poème, où on apprends que JR était président de l'association amicale des anciens enfants de troupe, décembre 1913 :

LE BOUC EMISSAIRE
A Jean Richepin
Les yeux hébreux font une bague au Tabernacle
Où germe le pardon que marchande Israël.
Jéhovah l'Offensé songe en son habitacle
De sittim odorant qu'ouvragea Bésalel.
Ce songe est tapissé de pourpre, d'hyacinthe,
De cramoisi ; des colonnettes sveltes d'or
En sont les gardiens clairs, et d'argent est leur plinthe.
L'encens nimbe d'un lange avare le Trésor.
Dedans palpitent les merveilles de l'orfèvre
Et puis du tisserand au rythme souverain,
Dehors, sur la cloison d'ingénus poils de chèvre,
Giclent, au soleil vif, des agrafes d'airain.
Tandis qu'un jeûne sec dégonfle tous les ventres,
Le repenti gave les c¦urs à son banquet.
Les tentes ont l'aspect formidable des antres
On entend y rugir les lions du regret.
Chaque pêcheur fait la toilette de son âme
Où des oiseaux pernicieux se sont blottis.
Puis, ces oiseaux livrés à l'aquilon du blâme,
Il les mande aux pipeaux dressés dans le parvis.
Or, ces pipeaux sont les doux membres du Grand Prêtre
Insigne parmi sa chemise en lin retors ;
Son âge fait pleuvoir de longs cheveux d'ancêtre,
Un triste enthousiasme ouragane son corps.
Fraîchement émané de la cuve limpide,
Il attend, pur de peau tels que sont les poissons,
Il attend, magistral, officiel, avide,
Et son sexe fané dort sous des caleçons.
Pour capter les péchés dont le peuple s'allège
Son zèle s'est donné les accents d'un appeau ;
Dupés, les essaims noirs s'abattent sur sa neige,
Et le Pontife est mâchuré par ce fardeau.
Ses bras ayant plongé dans des bêtes à cornes,
Il a l'air de brandir deux sarments enflammés
Ou semble ces captifs qui dans les geôles mornes
Ont massacré leurs poings de leurs dents d'affamés.
A ses côtés, mystérieux comme des grottes,
Les Sacrificateurs ont des poses d'agneaux
Sous les rochets, les baudriers et les calottes,
Mais les fleurs de leurs yeux s'effeuillent en couteaux.
Voici paraître un bouc aspect de la ténèbre,
Le Grand Prêtre, étranglant le coupable gibier,
En charge le dos vil d'un geste si funèbre
Que la bête a ridé sa face d'usurier.
Les Tribus alentour piochent du front la terre,
La contrition fume comme un encensoir.
Les Lévites enfin signalent de se taire
Car le Pontife blanc va parler au bouc noir.
Lors le vieillard massif clame selon le rite.
Sa tempête de cèdre et les dards de ses yeux
Troublent les chérubins qu'Oliab le Danite
Entra sur les tapis du mischkan précieux :
- " O bête, qui, parmi le parfum et le psaume,
Etales ton ordure digne du talon,
Va porter au désert les méfaits d'un royaume
Qui brigue la vertu des lys de Zabulon !
Israël a flétri les Lois Harmonieuses
Dont Jéhovah durant le frénétique jour
Orna le patriarche aux cornes radieuses
Sur le Sina, dans le rosier de son amour.
Israël a trahi la splendide alliance
Que tressèrent jadis ses aïeux et Celui
Qui promit une immarcescible confiance
En leur faisant compter les raisins de la nuit.
Les Tribus ont fâché le Père aux mains fertiles
Qui, pour moudre nos chaînes comme des moissons,
Rouilla le Nil très blond sculpté de crocodiles
Et fit de nos geôliers le festin des poissons ;
Qui, dans la suite, apprivoisa le désert fauve
Où la manne neigeait sur les scorpions roux
Et les ruisseaux - tels des cheveux, d'un crâne chauve -
Jaillissaient joliment des stériles cailloux.
C'est lui qui nous guida vers la Terre Promise,
Refusant au Jourdain le fruit de notre orteil,
Et la servit, ainsi qu'une ample friandise,
A Josué le dextre oiseleur du soleil.
Ici l'arbre jamais ne leurre les corbeilles,
Les ruches on dirait de vivants coffres d'or,
Les vignes ont du vin plein leurs pendants d'oreilles,
Et les montagnes sont enceintes d'un trésor.
Ici la vierge, liliale et sans astuce,
Est l'opulent écrin qu'ouvrira le mari.
Ici la lèpre fuit les sexes sans prépuce
Et le père jamais n'eut le baiser tari.
Ici tout est charmé, les berceaux et les tombes,
Les bras sont des rameaux, l'esprit est sans verrous,
Les orages sont faits par l'aide des colombes
Et les bercails ne sombrent pas au sein des loups.
Toutefois ce royaume a montré le cou raide
Au Joaillier de ses victorieux matins.
O bouc puant, c'est pour jolir son âme laide
Que je vais te chasser vers les sables lointains.
Emporte l'oeil qui pourlécha la vaine idole,
Les faux serments crachés au ciel en souriant,
Le froment refusé devant le seuil frivole
Au crabe que tendait l'aride mendiant.
Emporte le blasphème et le fiel des envies
Et la main qui plongea dans les sacs étrangers,
Emporte le couteau des éteigneurs de vies
Et les astres couchants par l'aurore outragés.
Emporte les sabbats où l'avide besogne
Songeait au bain futur fait de sicles d'argent
Et l'obstacle placé devant ce sage ivrogne
Des ténèbres, l'aveugle au bâton indulgent.
Emporte la luxure au geste délétère
Semant dans le chaos d'un illusoire hymen,
Emporte l'équivoque et visqueux adultère
Qui change en durs oiseaux les pierres du chemin.
Tous les crimes enfin dont le spectre consterne
Un peuple naufragé dans son regret de sel,
Toi qui perds à jamais ton miroir de citerne,
O bouc, va les servir au farouche Azazel ! "
Après l'amer torrent de ces rudes paroles,
Il entre au sanctuaire endosser l'habit fier
Pour reparaître au son des campanettes folles
Qui frangent son méhil d'un gazouillement clair.
Prompt, Israël se dresse et ses lèvres d'ivoire
Mûrissent à la braise d'un hymne vermeil,
Le Grand Prêtre que vêt l'hyacinthe de gloire
Splendit sur l'hosanna comme un jeune soleil.
Le pectoral aux douze pierres précieuses
Mariant les Tribus en un gai firmament,
Tel l'éventail d'un paon aux plumes curieuses,
Bariole l'éphod d'un pur tressaillement.
La tiare éparpille les rais d'une lame
Où triomphe, gravé, le nom de l'Eternel.
Or, de la barbe aussi noble qu'une oriflamme,
Ruisselle un miel clément, paisible, paternel.
Mais un glaive soudain, rire froid et superbe,
Sur l'autel du parvis a fauché deux béliers,
Alors le Peuple, absous par la sanglante gerbe,
S'épanouit, les yeux pareils aux chandeliers ;
Et c'est vers l'azur chaste un avril d'aubépines
Ferventes essorant des prestes encensoirs
Et les bouches se cueillent, roses sans épines,
Parmi les danses qui font croire à des pressoirs !
Ce pendant le bouc noir, en la chaîne rageuse
Qui durement l'entraîne au désert sans pâtis,
Bêle vers le bercail où sa chèvre neigeuse
Pleure son jeune lait sur leurs vierges cabris.
Novembre 1886

Merci à Mikaël Lugan pour l'info.

Pas homophobe pour un sou...
Dans une nouvelle intitulée "Bonnes Filles" (parue dans le Gil Blas illustré n°19 du 7 mai 1893) il décrit, et peut être pour la première fois à cette époque où l'homosexualité était encore banni et puni par la loi (Verlaine a été condamné pour sodomie), un homosexuel avec sagesse. Son personnage avoue devant une assemblée de jeunes filles qu'il aime que son "p'tit homme" comme elles.

"(...) C'était dit d'un accent si convaincu, et l'on sentait si bien qu'il aimait à sa façon, et passionnément, et follement, que toutes ces passionnées n'eurent pas le coeur de lui en vouloir, et que plusieurs murmurèrent en sanglotant : - Pauvre amour, va... ! "

Il n'était sûrement pas le seul à décrire ainsi les homosexuels, mais un tel humanisme à cette époque méritait d'être souligné.

La Rumeur
A ce propos, j'aimerais mettre un terme à une rumeur qui court sur l'oeuvre de Jean Richepin. Certains prétendent que l'un des passages condamné de "La chanson des gueux" décrit une idylle entre deux clochards du même sexe. C'est complètement faux. Je ne sais pas qui a inventé cela et pourquoi il l'a fait. Ayant dans ma bibliothèque Richepinesque la partie supprimée par autorité de justice et remplacé dans les éditions ultérieures par les deux vers :

"ici deux gueux s'aimaient jusqu'à la pâmoison
Et cela m'a valu trente jours de prison."

Je peux aisément vous prouver le contraire...
D'ailleurs je vais le faire... et toc... !
Voici le début de la partie censurée de "Idylle de pauvres" :

"(...)
Heureusement pour vous que les gueux ont des lèvres
Ils sont là tous les deux, la fille et le garçon,
Sous la feuillée, ainsi qu' alouette et pinson
Ils écoutent le vent qui caresse la plaine
Deux enfants ! Car l'aînée a dix-sept ans à peine
Mais on voit qu'elle sait le mystère d'amour,
Depuis quand, et par qui ? depuis longtemps. Un jour,
Lorsqu'elle était encore toute petite fille,
Sa jeunesse tente les désirs d'un vieux drille?
Compagnon de misère, et qui ne craignit pas
De faire un mauvais crime après un bon repas.
(...)"

Si vous voulez lire toutes les poésies interdites de "La Chanson des Gueux", essayez de vous procurer Choix de Poésies Nouvelle Édition revue et augmentée (1964) chez un bouquiniste.

Traduction Ottomane
Une traduction Ottomane d'un ouvrage de Jean Richepin, dont voici la description précise (pour les bibliophiles) :

Uhlan Karisi.
Traduction de "Mam’selle Napoléon" par Ahmed Rasim.

Première partie du livre : 38 pages sur Ulhan (Zorlan) une guerre entre la France et la Prusse en 1870.
Deuxième partie, 18 pages : une histoire courte de fiction sur un héros nommé Ferdinand Octave.

Ystanbul, A. Asaduryan Sirket-i Murttibiye Matbaasi, 1318 [1900]

8vo, 56 p., 1 pl. ; en Ottoman.

Richepin : anarchiste célèbre aux Etats-Unis

Quand on demande à Monsieur Yves Jacq (l'un des plus grand Richepinologue du monde qui m'aide souvent à rédiger l'humble site que voilà) s'il connait ce livre de Richepin trouvé sur le net, tout en anglais, dont voici la présentation :

The Atheist's Prayer, by Jean Richepin.
Introductory note by Joseph Ishill. Berkeley Heights, N.J.: Oriole Press, 1934.
Garamond type; printed in black and brown;
220 copies on Nuremberg mould-made paper;
boards with linen spine; 5.25 x 8 inches; 36 p.
Privatelyprinted for Mr. Tucker's friends.
Jean Richepin (1849-1926) was a French poet and dramatist who showed sympathy with outcasts. The poems contained in this small volume originally appeared in Tucker's journal Liberty. The work was printed as a tribute to Tucker, whom Ishill admired greatly, calling him, in the introduction, "the most outstanding Individualist-Anarchist this country has ever had."

Yves Jacq répond :
"Oui je connais bien sûr !!!! ???? C'est une reprise du texte de Richepin : "La prière d'un athée". Il n'y a que ce petit texte de Richepin et d'autres de différents auteurs. Tucker est un anarchiste américain célèbre et c'est ce fameux petit ouvrage qui a classé définitivement Richepin parmi les anarchistes célèbres aux Etats-Unis !!!! . Ouvrage plutôt rare édité à compte d'auteur. Son intérêt me semble plutôt médiocre."

Voilà. Et qu'est-ce qu'on dit ? Merci encore Monsieur Jacq !...

Dédicace Moiii je suis heureux-euh parce que-euh j'ai une dédicace-euh du jeannot dans ma bibliothèque-euh... NANANANANAIREUUUUU !...

cliquer sur la pour l'agrandir

Si comme moi vous avez envie de frimer avec votre signature de Jean Richepin (si vous en avez une... parce que c'est pas donné à tout le monde-euh...), envoyez la moi je la mettrai sur le site !...

Richepin aux yeux de cuivre Je me suis fait escroquer l'autre jour par internet. Méchant internet !... J'ai fait une recherche "J.R." en tant que titre de livre et il y avait deux réponses : la fameuse bio en anglais et un soi-disant "livre" de Paul Bourget : "Jean Richepin (1926)" et ce n'était que 24€... Alors je me dis chouette chouette chouette chouette et je commande. A réception ce n'est qu'un petit article extrait d'une revue ("La Revue") de Paul Bourget sur son ami qui vient de quitter le monde. Bon je me suis fait avoir mais je garde l'article. Il y parle de Richepin dans la cour de l'École normale, où Bourget allait lui rendre visite quelques fois, pendant l'année 1869. De son amitié avec Victor Brochard. Il y parle aussi de ses yeux jaunes, ses "yeux de cuivre". Hééé oui, finalement cette cyber-escroquerie m'a donné une idée. Je me suis dis : "Mais, au fait, je ne leur ai pas encore dis que Richepin avait les yeux jaunes !". Alors voilà c'est fait. Richepin avait les yeux jaunes et l'une de ses arrière petite fille en a hérités (ça c'est mon petit doigt qui me l'a dit et il est très bien renseigné) et c'est une chose assez rare pour l'écrire ici, dans la bonne rubrique.

Informations en vrac

"Cher Monsieur,

J'ai trouvé votre intérèt pour J RICHEPIN très étonnant. Ma trisaïeulle était Angèline Richepin. Il y a dans le cimetière de mon village la tombe d'un de ses frères Joseph Richepin soldat de Napoléon ayant fait Wagram, Austerlitz , Moskova et Waterloo mort de sa belle mort à Wimy. Il y a encore aujourd'hui une Jeannette Richepin à Wimy, un petit village qui se trouve à côté d'Ohis près d'Hirson oû se déroule le fameux roman " Miarka la fille à l'Ours ".

Voila des renseignements qui peuvent vous intéresser. Salut à vous. JEAN CLAUDE MONVOISIN"

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Page mise à jour le 13/02/2013 14:50